• LA FONDATION DE LA « MAISON DE LA CHIMIE »

La Fondation de la Maison de la Chimie est née de l’idée, lancée en France avant la guerre de 1914-1918, d’édifier une « Maison de la Chimie » pour faciliter les liaisons d’une part entre les Sociétés Savantes et d’autre part entre ces Sociétés et l’Industrie. Il fallut attendre 1926 et les préparatifs de la célébration du Centenaire de la naissance de Marcellin Berthelot (18271907) pour que l’idée soit reprise, avec enthousiasme et dans une perspective internationale. La réalisation du projet fut confiée dès 1928 à la Fondation, créée à cet effet et reconnue d’utilité publique. Plusieurs années furent nécessaires pour assurer le financement, sélectionner le site et effectuer les travaux de construction. L’inauguration de la Maison de la Chimie eut lieu en 1934 et le cinquantenaire de cette inauguration fut célébré avec éclat le 16 novembre 1984. Conformément à ses Statuts, la Fondation assure l’entretien et le fonctionnement de la Maison de la Chimie. Elle anime par ailleurs un grand nombre d’activités au service des chimistes du monde entier et fait en sorte que le 28 rue Saint-Dominique soit pour nombre d’entre eux un point de rencontre et d’échanges.

  • L’ACQUISITION ET L’AMENAGEMENT DE L’HOTEL DE LA ROCHEFOUCAULD D’ESTISSAC

Cet Hôtel, bâti au XVIIIème siècle, et dont la superficie avec cour et jardin atteignait 4800 m2, avait d’élégantes proportions. Il comprenait un bâtiment central et deux ailes donnant au midi sur la Cour d’Honneur en bordure de la rue Saint-Dominique et au nord sur un jardin intérieur.

Il avait été construit en 1708 et habité par Frédéric-Maurice de la Tour, Comte d’Auvergne, Lieutenant-Général du Roi Louis XIV, et ensuite par son fils, le Cardinal Henri de la Tour d’Auvergne. Il devint en 1764 la propriété du Comte de Caraman, Maréchal de Camp, promu en 1780 Lieutenant Général de Louis XVI. A la Révolution, la famille émigra, puis elle revint à Paris en 1801. L’Hôtel fut gardé dans l’indivision jusqu’en 1820, date à laquelle il fut acheté par le Comte de La Rochefoucauld, Ambassadeur de France. Leur fils, le Duc d’Estissac, et ses descendants le conservèrent jusqu’en 1929. L’emplacement et l’Hôtel convenaient pour réaliser le projet. À la mise en vente, son prix était de 13 millions, avec une reprise de meubles et d’objets d’art pour une somme de 2 millions. Le Gouvernement français donna son accord et soumit au Parlement un texte de loi qui fut voté à l’unanimité par les deux Assemblées et promulgué le 8 août 1929. La Fondation fut reconnue d’utilité publique par un décret daté du 12 août 1928. Une souscription internationale réunit 24.895.240 francs de 1930. Le principe retenu était de conserver à l’ensemble de l’édifice la disposition et le style qui donnaient tout son charme à l’Hôtel. Pour le bâtiment central non seulement l’architecture extérieure ne fut pas modifiée, mais aussi sa décoration intérieure, les boiseries, les parquets, les tapisseries furent restaurés. Ce vaste édifice sera pourvu des installations les plus modernes et mariera heureusement la partie ancienne avec des locaux marqués par le style de 1930.

  • LES PREMIÈRES ANNÉES D’ACTIVITÉ

L’ancien hôtel fut réservé aux réceptions, à l’administration et à la domiciliation des organismes internationaux, et deux ailes furent ajoutées au corps principal pour permettre une répartition logique des organismes et services intégrés à la Maison de la Chimie.

L’action de la Maison allait s’appuyer sur trois rouages essentiels : le Centre Marcelin Berthelot, le Centre de documentation chimique et le Centre de perfectionnement technique.

  • LE CENTRE MARCELIN BERTHELOT

Animé par l’esprit de l’éminent chimiste, il sera largement ouvert à tous les groupements à caractère intellectuel, corporatif ou social ayant des buts scientifiques, techniques, économiques, philosophiques ou philanthropiques, participant de fait aux objectifs initiaux proposés lors de la souscription ouverte sous l’égide du savant. De  multiples manifestations s’y tiendront donc : assemblées, congrès, expositions spécialisées, conférences, fêtes, gala, banquets aussi variées que fréquentes. Un maximum de confort et de commodités a été réalisé dans la partie centrale de l’Hôtel de la Rochefoucauld rénové et l’aile gauche nouvellement construite. Des activités permanentes animent le Centre ; la plupart des Sociétés Savantes et groupement chimiques français y ont demandé leur domiciliation et disposent ainsi pour leurs réunions périodiques des services collectifs de la Maison de la Chimie ainsi que de salles fonctionnelles et modernes.

  • LE CENTRE DE DOCUMENTATION CHIMIQUE

Il fut à l’initiative de la Société de Chimie Industrielle progressivement structuré et outillé de manière à fournir une documentation utile aux chercheurs et aux ingénieurs et techniciens dans de cours délais afin de les décharger de l’exploration souvent fastidieuse de sources de documentation de plus en plus nombreuses. Il connut rapidement un important développement et un grand succès jusqu’à la guerre de 1939.

  • LE CENTRE DE PERFECTIONNEMENT TECHNIQUE

L’afflux continu d’inventions obligeait à une mise à jour régulière des connaissances pour toutes les catégories de personnel. La création de ce Centre fut vivement encouragée par l’Industrie et par le Ministère de l’Instruction publique. L’enseignement y était dispensé sous forme de cycle de cours conférences, les uns à tendance scientifique, les autres plus nombreux à tendance industrielle présentant un aspect pratique et un intérêt immédiat : le succès fut immédiat : 6 000 participants pour 11 conférences dans l’année 1934-1935 ; 8750 l’année suivante.

Mais l’augmentation du coût de la vie et des charges creusèrent le déficit des budgets successifs nécessitant de réduire les frais de personnel et d’utiliser au maximum les locaux, entraînant la disparition du centre de documentation et du centre de formation pour permettre à la Maison de la Chimie de fêter le 16 novembre 1984 son cinquantenaire.